Sylvie L, 24 ans, Salut, C’est à l’occasion d’une consultation chez le gynécologue que le diagnostic d’anorexie a été évoqué. En discutant avec le psy plus tard, je pense que mon père m’avait presque détruite, en traitant de tous les noms : incapable, moins que rien, stupide … Je ne pouvais pas avoir une fierté en moi, ni de me valoriser par rapport aux autres, il disait alors : avant de critiquer , regarde toi, tes résultats scolaires, tes connerie. Mon amour propre n’existait plus. A cette époque, je me disais que je devais trouver un mari ou un copain pour me sortir de là, mais personne ne voulait de moi car j’étais maigre, harcelée par les délires philos ( le monde est mauvais , pourquoi ? Les gens sont médiocres , pourquoi ?) et peu intéressée par la sexualité. J’ai passé 6 mois à l’hôpital et j’ai perdu une année scolaire. Aujourd’hui, je suis encore un peu anorexique, je termine ma troisième année universitaire mais la peur que mon père a plantée en moi me rend toujours fragile, et je pense que dois dépendre d’un homme pour me protéger, cela n’est pas encore arrivé, j’ai 24 ans, toujours vierge, mais je commence depuis peu à aimer mon corps et me caresser. Je pèse maintenant 49 kg. C’est déjà pas mal.Mathilde, 19 ans Depuis toujours, mes parents ne voulaient que divorcer, je n’ai jamais vu l’amour entre eux. Je ne connais pas réellement ce qu’est être aimé ou ce qui est rapport affectueux. Ma mère pleurait tout le temps, et me disait : tu sais Mathilde, je suis avec lui pour toi. mon père travaillait tout le temps, je ne le voyais qu’une heure par jour et les week-ends. J’étais proche de ma mère, et quand j’avais 15 ans, elle me racontait des choses terribles sur mon père, des choses qu’elle avait subies comme elle disait. Je voulais la protéger de ce monstre, je voulais la rendre heureuse. Mon père était l’étranger que je haïssais. A l’âge de 17 ans, je suis devenue anorexique et dépressive. L’idée de la mort me gagnait chaque jour. En parlant avec le médecin généraliste, il m’a dit une phrase -déclic, une découverte : mais Mathilde, tes parents sont ensemble depuis 20 ans, ils resteront ensemble et continueront à s’engueuler , ce n’est pas vraiment ton problème !! Je ne peux pardonner à ma mère de m’avoir mise entre elle et mon père, comment une gamine de 12-13 ans peut comprendre les difficultés d’un couple ?? comment ?
Sophie 23 ans Mon problème alimentaire a commencé au décès de mon père. Il était un homme heureux qui diffusait autour de lui protection et chaleur humaine. Je déprimais, j’avais 14 ans. Ma mère me dit un jour : Sophie tu manges trop, tu n’as plus rien à mettre. J’ai commencé mon premier régime à l’age de 15 ans. Très dur, puis quelque chose a changé : je me suis mise nue devant le miroir, j’ai regardé, j’ai découvert que j’étais moche, ronde, avec des hanches énormes. Comme par miracle, cette haine contre mon corps m’aidait à faire des régimes de plus en plus durs, 100 calories par jour. Le décès de mon père m’avait terrifiée durant longues années, m’avait laissée dans une inquiétude épouvantable. Je suis devenue mince après 15 mois de régime, et devant l’image de mon corps j’étais satisfaite, je devais rester comme cela. Ma première consultation est survenue à l’âge de 17 ans, je n’avais plus de règles.
Mélissa 18 ans Dans ma tête, toujours les mêmes contradictions, les copains se moquant d’une fille car elle est « boudin » et se moquant d’une maigre car elle est plate sans seins. Moi, je n’étais pas plate, au contraire. J’avais 15 ans, quand j’ai acheté ma première boite de pilules. Mon premier était un copain du lycée , et c’est mal passé, j’avais milles problèmes dans ma tête, alors que le copain me lance un ou deux mots ironiques sur mes hanches. C’était pour rire. Bien sur. La deuxième fois, un autre garçon me fait d’autres remarques sur d’autres partie de mon corps. Mon anorexie a commencé comme ça. Depuis mon diagnostic de boulimique anorexique, je n’ai pas de rapport sexuel, je n’ai pas perdu de poids, j’ai fait une seule tentative de suicide. Je suis très dépressive.
Ra. 34 ans Je ne crois pas que ma boulimie aurait pu être empêchée. Une accumulation de beaucoup de choses différentes dans ma vie. Etant gamine, j’apprenais que je ne devais pas être triste ou déprimée, mais j’étais dépressive et personne n’avait remarqué. Au collège, à l’âge de 14 ans, je commençais à recevoir les compliments: Rachel est jolie, mignonne, craquante, et mince comme un fil. Mes deux soeurs, minces aussi, surveillaient constamment ce qu’elles mangeaient, alors il était normal que la minceur soit pour moi un idéal. J’avais mes admirateurs, les garçons aiment bien se montrer avec moi, me faire plaisir, cela ne faisait qu’augmenter ma dépression. Un jour, j’ai mangé comme un éléphant et j’ai découvert que je pouvais me faire vomir facilement, la solution enfin trouvée. Des hauts et des bas, j’entre à l’université, je déprime à nouveau, je vomis à nouveau. Les hommes sont naïfs, ils croient que mettre la femme dans leurs bras peut la guérir de tout, c’est vrai à condition que ces bras consolent, protègent la femme, mais j’étais toujours dans l’autre cas de figure, on me draguait pour me «baiser », pour me mettre non pas dans les bras mais sur un lit. Rachel : tu dois être mince, sportive, intelligente, faire carrière, séduisante, toujours élégante, parfumée, bronzée en été, bonne mine en hiver. Je suis boulimique depuis 11 ans, j’ai eu un ulcère, j’ai perdu deux molaires, et je continue. Le traitement ne me fait pas grande chose, et le psychiatre fait de son mieux. Mais je suis toujours mince, belle, et toujours draguée, mais sans mari, car je n’ai pas trouvé celui qui m’aime pour ce que je suis et non pas pour mon apparence. Christine 47 ans Vous semblez dire dans votre site que la société encourage les problèmes de comportement alimentaire. La société n’est pas seulement la télé, ou la pub, ou barbie, mais nous tous. j’ai souffert durant 28 ans d’une boulimie redoutable. Cela aurait pu été empêchée si on ne disait pas à l’école que mes hanches étaient plus grandes que ma poitrine et que j’étais hors norme. A un moment de ma vie, j’ai perdu la moitié de mon poids et mes hanches restaient plus grandes que ma poitrine. L’anorexie tourne en boulimie, et une petite portion de nourriture nouait mon estomac. Je pense aussi que le divorce de mes parents m’avait fragilisée, je cherchais ailleurs qu’a la maison le soutien et l’amour. A mon époque, on parlait pas de sexualité ouvertement mais on se draguait «gentiment » . J’ai eu une relation sexuelle forcée avec un garçon, aujourd’hui, on appelle cela viol, ce qui m’a fragilisée un peu plus. Je refusais entre l’age de 18 et 25 ans toute relation physique. Je me suis mariée, j’ai dit à mon mari que je vis avec ma boulimie et il a accepté. Les médecins ne sont pas sensibilisés à ce problème, ou ils ne savent pas quoi faire. J’ai consulté une gynécologue, elle m’a dit : moi aussi j’ai passé par la après ma première grossesse. Que voulez vous ? Ursulle 23 ans Je pense que si j’avais grandi avec mes deux parents, ma vie aurait été différente. Je passais mes week-ends à rendre visite à mon père. Des fois je disais que j’ai une famille moderne ; Bonne chose, deux maisons. Maintenant j’ai 23 ans, et je ne dirais pas la même chose. mon Anorexie est arrivée à l’âge de 17 ans, j’ai milles raisons pour critiquer mes parents, mais je viens de rompre avec mon premier copain, et je comprends maintenant mes parents. Famille moderne , non, société moderne oui. Les parents ne peuvent pas lutter contre toute une société , toute une culture. Merci. Shadia, 23 ans J’ai lu ce que les autres ont dit sur votre site et je ne trouve pas ma propre expérience. Ma famille est correcte, et Je pense que mes problèmes sont causés par moi même. Je voulais toujours être meilleure, j’enviais toujours les autres gens, pour leurs corps et leurs apparences. Je ne sais pas comment je pouvais empêcher cela. Ma famille n’a rien à avoir avec mon anorexie .Merci.
